Cette société avait elle-même acheté ce terrain en 1951 et y avait fait construire le fameux hangar en béton, identifié depuis comme hangar "BYRRH".
A la fin des années 50, le célèbre apéritif est sur le déclin, le DC3 F-BEIS de la société est vendu en 1959 et le hangar n'a plus d'utilité.
Pour ce qui concerne AERO-SAHARA, la situation est totalement différente. Constituée comme la branche transport aérien de la S.T.R.A.C. (Société Tunisienne de Réparation Aéronautique et de Construction) en 1956, AERO-SAHARA a rapidement obtenu des autorisations pour opérer dans le sud algéro-tunisien:
Le siège de la compagnie est établi à Tunis, 40 avenue du Ghana puis il est transféré à Edjeleh - Maison Rouge. Certains aéronefs sont enregistrés au poste militaire de Fort Carcouet (Fort-Saint).
Toutefois, l'indépendance de la Tunisie puis le conflit algérien rendent de plus en plus précaire la présence en Afrique du nord.
En 1958, les 3 branches d'activité (maintenance aéronautique à El Aouina, travail aérien et transport saharien) sont mises en vente, sans succès.
Le domicile en région parisienne (l'Isle Adam, prés de Guyancourt) de Georges Masurel permet d'avoir une base de repli en métropole si la situation vient à empirer.
Il est toutefois urgent de trouver une nouvelle infrastructure pour déménager les ateliers de Tunis.
L'obtention d'autorisations de transport en métropole va ouvrir de nouvelles perspectives.
L'arrêté du 15 mai 1963 constitue un jalon important pour AERO-SAHARA. Après avis du CSAM du 20 avril 1963, la société reçoit l'autorisation pour effectuer du transport de fret et de six passagers par voyage sur l'ensemble du territoire métropolitain:
Une division métropolitaine d'Aéro-Sahara fut installée quelques temps à Cannes-la-Bocca. Elle opérait le "Héron" F-OANR pour des vols touristiques sur la Riviera. Le petit quadrimoteur effectuait 8 vols dans la journée, de la frontière italienne jusqu'aux îles de Lérins. Le siège de la compagnie fut brièvement domicilié à Nice, résidence des Oliviers, 17E Corniche André-Joly.
Henri Estève, l'oncle de Georges Masurel est, à cette époque, président de l'association des ingénieurs des Arts et Métiers du Roussillon. Il conseille à son neveu de s'établir à Perpignan.
Un terrain est à vendre à La Llabanère, la société AERO-SAHARA saisit l'opportunité:
Dans un entretien de 1989, à la question "quels sont les avantages et les inconvénients pour une entreprise comme EAS d'être à Perpignan?", Georges Masurel fit la réponse suivante:
"Disons qu'au départ quand nous nous sommes installés ici, toute cette zone devait constituer le nouvelle Floride, la nouvelle Californie, comme vous voudrez.. Malheureusement les chose ne sont pas allées comme on le souhaitait(...). Nous nous sommes installés ici d'abord parce qu'il y avait ce terrain qui était à vendre et qui représente tout de même 3 hectares d'un seul tenant, que nous avons acheté (au prix fort d'ailleurs) il y a une vingtaine d'années, depuis que nous avons développé.
C'est vrai que nous avons l'avantage d'être chez nous sur cet aéroport puisque c'est complètement privatif, et que nous pouvons faire à peu prés ce que nous voulons".
En juillet 1965, EUROPE AERO SERVICE fut créée comme filiale d' Aéro-Sahara. La marque "Aéro-Sahara" subsista jusqu'en 1967 avant d'être complètement éclipsée par EAS.
(notons toutefois que dans les années 80, certains appareils furent immatriculés au nom de EUROPE AERO SERVICE - DIVISION AERO-SAHARA)
DORNIER 28A-1 F-OBZZ Biggin Hill 21 juin 1965
La ligne Perpignan-Palma put être ouverte à l'été 1966 au moyen de Vickers "Viking".
Le fennec qui constituait l'emblème d'Aéro-Sahara fut repris, jusqu'à la fin des années 60 dans le nouveau logo d'EAS: un écusson catalan orné en son centre d'une tête du fameux renard du désert.
En 2014, le site de Perpignan, même s'il n'est plus depuis 1995 le siège d'une compagnie aérienne, est toujours voué à la maintenance aéronautique. Les BOEING et AIRBUS remplacent les DORNIER, VANGUARD, CARAVELLE... des décennies précédentes.
Nous pouvons peut-être considérer EAS SERVICES comme un lointain successeur de la STRAC et d'Aéro-Sahara!
Sources:
Jean-Pierre BOBO "De la Llabanère à Perpignan-Rivesaltes"
JOURNAL OFFICIEL
AIR BRITAIN
AIRLINESHOBBY
"PERFORMANCES" magazine économique de la CCI de Perpignan juillet-août-septembre 1989.
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